Les Afghans sont surreprésentés parmi les réfugiés commettant des crimes en Autriche et ailleurs. Qu’est-ce qui peut l’expliquer ?
par Cheryl Benard
En 2014, lorsque des flots de réfugiés ont commencé à se déverser en l’Europe de l’Ouest, les citoyens et leurs responsables politiques ont réagi de concert par une posture de générosité et d’ouverture. Des trombes de réfugiés exténués arrivaient par trains entiers et se voyaient accueillis par des foules venues leur offrir vêtements et nourriture, en brandissant des pancartes « Welcome Refugees ».
C’était une lune de miel qui ne pouvait pas durer longtemps. Certaines des difficultés à venir avaient été prévues : les nouveaux-venus ne parlaient pas les langues des pays d’accueil, ils risquaient de souffrir de traumas, il allait sans doute leur falloir un long moment avant qu’ils ne prennent leurs marques, et ils apportaient avec eux leurs conflits ethniques, religieux et sectaires qui leur vaudraient de se battre entre eux. Toutes ces choses se sont produites, mais — comme l’avait promis Angela Merkel — elles étaient surmontables. « Nous y arriverons. »
Mais une chose n’avait pas été anticipée, et c’était une chose intolérable : le nombre important, et croissant de cas d’agression sexuelle commis par des réfugiés à l’encontre de femmes des pays d’accueil. Et pas le genre de cas relevant du malentendu culturel qui débouche sur un date-rape, mais des agressions cruelles et brutales de jeunes filles et de femmes prises au hasard, souvent commises par des bandes ou des meutes de jeunes hommes. Dans un premier temps, ces évènements ont été tus ou minimisés — personne ne voulait alimenter l’agitation nationaliste de la [fausse] droite , et on entretenait l’espoir qu’il s’agisse de cas isolés attribuables à un groupe de personnes problématiques mais ne représentant qu’une aberration statistique. À mesure que ces évènements sont devenus plus fréquents, et du fait que beaucoup d’entre eux se déroulèrent en public, ou que la population s’y soit retrouvée mêlée, soit pour interrompre ces attaques, soit pour porter secours aux victimes après coup, et du fait que les tribunaux se mirent à prononcer des condamnations après que ces affaires furent portées devant la justice, le problème ne put plus être caché sous le tapis du politiquement correct. La reconnaissance officielle de la chose et les publications à son sujet firent alors apparaître une donnée bizarre et déconcertante. La plupart des agressions étaient commises par des réfugiés d’une nationalité particulière : des Afghans.
À vrai dire, les Afghans n’auraient même pas du faire partie de la vague de réfugiés, du moins pas en quantité significative. C’était des Syriens que l’on attendait. L’Afghanistan, un lieu de conflits chroniques où la vie est en suspens, ne figure plus sur la liste officielle des pays de demandeurs d’asile — elle se limite aux urgences politiques ou militaires aiguës. Malgré cela, les autorités européennes et l’opinion publique étaient compatissants, et pouvaient comprendre ce qui pouvait pousser les Afghans à vouloir quitter un pays où les attentats-suicides sont abondants mais les opportunités inexistantes. Par ailleurs, le sentiment des Européens vis-à-vis de l’Afghanistan était somme toute positif. Beaucoup de baby-boomers européens avaient, dans leurs périodes hippies d’antan, traversé ce pays dans leurs mythiques vans Volkswagen, et en conservaient le doux souvenir d’un peuple amical et hospitalier. Plus tard, tout le monde avait pleuré la perte de Bouddhas de Bamiyan et avait éprouvé de l’empathie pour ce peuple pauvre qui souffrait sous le règne des talibans. Et après cela, l’OTAN avait fait partie de la « coalition des volontaires ». Les Européens étaient disposés à être bienveillants envers les réfugiés afghans. Mais il devint vite évident que quelque chose n’allait pas, pas du tout, avec ces jeunes hommes afghans : ils commettaient des crimes sexuels dans des proportions bien plus larges que les autres réfugiés, même ceux provenant de pays tout aussi arriérés sinon davantage, tout aussi musulmans et conservateurs, et possiblement tout aussi misogynes.
Écrire cet article ne m’aura pas amusée. J’ai consacré une grande part de ma vie professionnelle à des problèmes liés aux réfugiés, des camps pakistanais au temps de l’occupation soviétique de l’Afghanistan jusqu’au Yémen, en passant par le Soudan, la Thaïlande, l’Éthiopie, Djibouti, le Liban, la Bosnie, le Nicaragua et l’Irak, et j’ai une profonde compassion pour leur détresse. Mais nulle part ailleurs ai-je connu un phénomène comme celui-ci. J’avais vu des réfugiés coincés dans des situations les rendant vulnérables au viol, par des gardes de camps ou des soldats. Mais des réfugiés devenant les auteurs de ce crime dans le lieu qui leur avait accordé l’asile ? C’était nouveau. De plus, ma vie personnelle et professionnelle m’a dotée de nombreux amis Afghans et Afghan-Américains, et il n’y a rien chez eux qui en fasse collectivement des psychopathes. Ils sont médecins, commerçants, propriétaires de restaurants japonais, conducteurs de navettes d’aéroport, entrepreneurs, experts en TIC, vendeuses au Printemps — ils sont comme n’importe qui d’autre. La génération des parents tend à être un peu guindée, formaliste et à cheval sur les règles. Il est impossible d’imaginer l’un d’entre eux se livrer à ce genre d’agression sexuelle extrême, troublante et primitive. Et pourtant, j’en suis à publier cet article.
Il y a quelques semaines, la ville de Tulln, en Autriche, a décidé de l’arrêt complet de toute procédure d’admission de réfugié. Le maire l’a fait savoir sans ambiguïté : la décision visait les Afghans, mais des raisons juridiques et administratives le contraignaient à la formuler de façon globale. Cela n’était pas l’intention originale de cette ville — au contraire, elle venait d’achever la construction d’un établissement coûteux et flambant neuf destiné aux demandeurs d’asile arrivants, lequel serait maintenant, a déclaré le maire, affecté à une autre fonction. Ses mots exacts : « Ça suffit. » Le point de bascule, après une série d’évènements troublants tous attribués à des Afghans, a été le viol brutal en réunion d’une fille de quinze ans, enlevée dans la rue alors qu’elle rentrait chez elle, emmenée de force, et violée à la chaîne par des réfugiés afghans.
Et il ne s’agissait là que d’un élément d’une série d’évènements scandaleux, qui étaient tous à mettre sur le compte des Afghans.
Un peu plus tôt, à Vienne, une jeune étudiante Turque avait été poursuivie jusque dans des toilettes publiques par trois réfugiés Afghans. Ils avaient verrouillé la porte et l’avaient attaquée sauvagement. Ils l’avaient d’abord saisie par le cou et frappée à répétition contre une cuvette de toilettes en porcelaine pour l’assommer. Devant sa résistance désespérée, ils prirent des tours pour la maintenir immobilisée et la violer. La jeune femme dut être admise à l’hôpital, suite à quoi, trop traumatisée pour continuer ses études, elle s’enfuit chez elle en Turquie, où elle demeure déprimée, dans un état pitoyable, incapable d’appréhender ce qui s’est passé et incapable, dans une société musulmane conservatrice, de parler de son vécu à quiconque hormis son unique confidente et meilleure amie.
Reconnaître l’existence d’un motif récurrent prit un certain temps car, jusqu’à peu, les médias d’Europe de l’Ouest s’interdisaient délibérément de révéler le statut de réfugié ou de demandeur d’asile des agresseurs, ni leur pays d’origine. Cette règle n’a changé qu’après que la corrélation soit devenue si frappante qu’elle acquit un intérêt médiatique. À ce stade, il devient clair que les autorités étaient au courant, et avaient volontairement étouffé des cas d’agressions sexuelles à grande échelle par des migrants. Par exemple, une bande de cinquante Afghans qui terrorisaient les femmes aux alentours de la gare de Linz avait été balayé d’un revers de la main par un fonctionnaire expliquant qu’il s’agissait d’une conséquence tragique du mauvais temps, et qu’une fois l’été arrivé les jeunes hommes se disperseraient dans les espaces verts et ne se déplaceraient plus en bande aussi grande et menaçante. Le public n’a pas apprécié.
Je pourrais écrire le même article à propos de la Suède, de l’Allemagne, ou de tout autre pays d’asile en Europe, mais je me concentrerai sur des exemples en Autriche car c’est le pays européen d’où je viens et que je connais le mieux. Examinons donc la presse autrichienne. Prenons Österreich, le quotidien distribué gratuitement dans les transports en commun et par conséquent lu, grosso modo, par presque tout le monde. En une : Un Afghan (de dix-huit ans) attaque une jeune femme au Festival du Danube. « Une tentative de viol par un Afghan a de nouveau eu lieu. Une touriste slovaque de vingt-et-un ans a été assaillie par un groupe d’hommes et a subi des attouchements. Elle a réussi à s’éloigner, mais a été poursuivie par l’un d’entre eux, un demandeur d’asile afghan, qui est parvenu à l’attraper et l’a traînée dans un buisson. Des agents de police en civil situés à proximité ont remarqué les signes d’une lutte et sont intervenus pour empêcher le viol au dernier moment. » Page dix : « Un Afghan âgé de vingt-cinq ans a tenté de violer une jeune femme assise au soleil dans [un] parc. Quatre passants courageux ont éloigné de force l’homme de la victime et l’ont retenu sur place jusqu’à l’arrivée de la police. » Page douze : « Deux Afghans ont été condamnés pour la tentative de viol d’une femme à bord d’un train à Graz. Les hommes, habitants d’une résidence pour demandeurs d’asile, ont d’abord insulté la jeune femme par des remarques verbales obscènes avant de l’attaquer. Lorsqu’elle s’est mise à crier à l’aide, des passagers d’une autre section du train se sont précipités à son secours. »
Faisons pour le moment abstraction de l’aspect répréhensible de ces comportements et concentrons-nous à la place sur leur logique, ou l’absence de logique, qui les sous-tend. Ces hommes peuvent-ils réellement penser que leurs tentatives réussiront ? Pensent-ils réellement qu’ils puissent violer une femme dans la rue principale d’une petite ville en pleine journée ? À bord d’un train rempli d’autres passagers ? Dans un jardin public en début d’après-midi ? Sont-ils incapables de réflexion logique — ou bien leur but est-il ailleurs ? Cherchent-ils seulement à déclencher l’hystérie momentanée d’une femme et à toucher des parties interdites du corps inconnu ? Est-ce gratifiant au point de valoir la mise en péril de leur avenir et d’être jeté en prison par des Européens furieux et indignés ? Que se passe-t-il donc ici ? Et pourquoi, pourquoi, pourquoi les Afghans ? D’après les statistiques de la police autrichienne, les réfugiés syriens sont responsables de moins de 10 pour cent des cas d’agression sexuelle. Les Afghans, qui sont en nombre comparable, sont coupables d’une stupéfiante moitié de tous les cas.
Il suffit de chercher deux mots dans Google — Afghane et Vergewaltigung — pour qu’une multitude d’évènements consternants se déploie sous vous yeux. La femme handicapée mentale à Linz, kidnappée, traînée jusqu’à l’appartement d’un réfugié Afghan et violée jusqu’à ce qu’elle puisse enfin s’échapper dans sa salle de bains, s’y enfermer, et, alors qu’il tentait de défoncer la porte, puisse ouvrir la fenêtre avec difficulté et appeler à l’aide. Des cas comme celui-ci dénotent la présence d’un prédateur de sang froid, ayant planifié et prémédité ses actes.
D’autres sont simplement déroutants. Les piscines publiques font l’objet d’une épidémie de jeunes hommes afghans qui trouvent judicieux de s’exhiber, ôtant leur pantalon et restant sur place jusqu’à ce qu’un maître-nageur les interpelle, et qu’ils soient sortis en étant enjoints de ne jamais revenir. Soyons charitables : supposons qu’à un moment donné, quelques-uns de ces jeunes hommes aient entendu des histoires de plages nudistes et aient voulu y participer. Mais c’est difficilement une explication. Sérieusement ; dans un pays étranger où votre situation légale est précaire, ne jetteriez-vous pas un coup d’œil autour de vous pour assurer que vous n’êtes pas le premier et le seul homme à étaler sa parure, avant de vous livrer à un comportement que votre éducation toute entière vous aura appris à considérer comme impensable ? Allons !
De plus, en quelques heures ou en quelques jours après leur arrivée, le bouche-à-oreille des réfugiés afghans instruit les nouveaux-venus quant aux subtilités pour s’y retrouver dans le pays : dans quels bureaux se rendre et ce qu’il faut dire lorsqu’on s’y présente, où demander des aides supplémentaires, où obtenir un logement gratuit, et ainsi de suite. S’ils peuvent apprendre tout cela, ils peuvent découvrir le dress code.
Donc, à nouveau : que se passe-t-il ? Pourquoi cela se passe-t-il ? Et pourquoi les Afghans ? Quelques théories concurrentes circulent.
La première : « Ils se saoulent. » L’un de mes interlocuteurs, un Afghan de la diaspora qui vit à Vienne depuis des décennies et qui travaille comme conseiller et traducteur agréé auprès d’un tribunal, et qui a donc une grande familiarité avec ces cas et avec les personnes mises en cause, écarte immédiatement cette explication. Il m’explique plutôt que désormais, il est connu que de prétendre avoir subi une perturbation de son état mental lors de l’accomplissement d’un crime — y compris du fait de la consommation d’alcool ou de drogue — constitue une circonstance atténuante. Souvent, continue-t-il, les prévenus sont briefés de manière inadéquate et avancent cette excuse de façon impropre. Ils diront par exemple qu’ils avaient bu deux bières et fait un black out suite à ça, et qu’ils ne se souviennent plus de rien. Cette théorie n’explique pas non plus pourquoi les Afghans seraient davantage portés que d’autres jeunes hommes réfugiés issus d’un milieu comparable à commettre des agressions sexuelles sous l’emprise de l’alcool.
Une deuxième théorie émet l’hypothèse d’une confusion engendrée par un clash de valeurs culturelles. Ces jeunes hommes, affirme cette théorie, proviennent d’un pays où les femmes ne sont que de simples ombres entièrement cachées derrière des burqas plissées. Devant des femmes en tank tops et en short shorts, ils perdent la raison et leurs hormones s’emballent avec eux. Cette théorie, outre qu’elle frise l’injure aux victimes en les culpabilisant, ne tient pas la route. Encore une fois, la même réaction devrait alors être observée aussi chez d’autres jeunes hommes issus de sociétés musulmanes strictes où la ségrégation de genre est la norme ; pourquoi seuls les Afghans réagiraient-ils ainsi ? Et en quoi cela expliquerait-ils des cas comme celui de la retraitée de soixante-douze ans, sortie promener son chien lorsqu’un elle fut attaquée, frappée et violée par un jeune Afghan ? Ou l’écolier kidnappé et violé en réunion par un groupe d’Afghans en Suède ?
En effet, examiner le déroulement des attaques permet de vite écarter cette théorie. Le plus souvent, les cibles privilégiées ne sont pas celles que nos stéréotypes auraient pu nous souffler, des jeunes femmes vêtues de façon provocatrice qu’un musulman déboussolé venu d’un arrière-pays ultraconservateur interpréterait à tort comme une invitation à la licence. Non ; les victimes sont souvent des mères avec de jeunes enfants. J’imagine qu’elles constituent des cibles plus faciles aux yeux d’un prédateur qui les supposera moins aptes à se défendre, mais il est possible qu’il s’ajoute à cela une dimension plus freudienne qui m’échapperait.
Dans un cas récent qui a suscité un énorme tollé, une femme se promenait dans un parc situé sur les hauteurs du Danube, accompagnée de ses deux enfants, un jeune bambin et un nourrisson dans une poussette. Un réfugié afghan sorti de nulle part lui a sauté dessus, l’a jetée au sol, l’a mordue, l’a étranglée et a tenté de la violer. Durant cette lutte, la poussette s’est mise à dévaler la pente en direction des berges et le nourrisson a failli être précipité dans la rivière. Sous le regard horrifié de son deuxième enfant, la femme a vaillamment combattu et repoussé son agresseur, arrachant au passage la capuche de son manteau, ce qui permit aux autorités autrichiennes de retrouver sa trace à l’aide d’un chien policier.
Lors d’un autre incident, deux jeunes femmes faisaient une balade de mi-journée dans la zone piétonne d’une petite ville autrichienne, accompagnées de leurs bébés dans des landaus quand un groupe de réfugiés afghans se sont précipités sur elles et leur ont arraché leurs vêtements, mais ont été maîtrisés avant de pouvoir faire davantage de dégâts. Il est évident que ce genre d’évènement provoque l’hostilité de l’opinion publique. Il est évident aussi qu’on peut écarter la théorie du « ils étaient saouls et ne savaient pas ce qu’ils faisaient », de même que celle du « ils pensaient que ces femmes l’avaient cherché ».
Ce qui nous amène à une troisième théorie, plus percutante et assez dérangeante — une théorie mise en avant par mon ami afghan, le traducteur agréé. En se basant sur les centaines de contacts qu’il a eus avec ces jeunes hommes dans le cadre de son travail, il pense avoir déterminé qu’ils sont motivés par un mépris tenace et indéfectible de l’Occident. À leurs yeux, les Européens seraient leurs ennemis, et leurs femmes, un butin légitime, au même titre que le seraient n’importe quelle autre chose qu’on puisse leur prendre : logement, argent, passeports. Leurs lois n’auraient pas d’importance, leur culture serait sans intérêt, et en fin de compte, leur civilisation s’apprêterait de toute façon à tomber sous les assauts de la horde dont ils seraient le fer de lance. Inutile, donc, de s’assimiler ni de travailler dur, ni de tâcher de se bâtir une vie décente ici — ces Européens sont trop mous pour véritablement vous punir de vos transgressions, et leurs jours sont comptés.
Et ça ne s’arrête pas aux crimes sexuels, me fait remarquer mon ami. Ceux-là énervent le plus l’opinion publique, mais l’abus délibéré, et insidieux du système d’aides sociales porte tout autant à conséquence. Les réfugiés afghans, affirme-t-il, ont une propension particulière à manipuler le système : à mentir sur leur âge, à mentir sur leur situation, à faire semblant d’être plus jeune, de souffrir d’un handicap, ou d’appartenir à une minorité ethnique, même lorsque le regard fatigué d’un juge autrichien est capable de distinguer les traits délicats d’un Hazara de ceux d’un Pachtoune.
Je comprends son point de vue. Au cours de mes recherches, j’ai rencontré des trentenaires ayant de la famille en Autriche et qui se faisaient passer pour des « mineurs isolés ». J’ai rencontré des gens qui faisaient faussement passer une vieille blessure causée par un accident de la route pour la preuve qu’ils auraient subi des tortures. J’ai découvert l’existence d’une famille afghane qui avait émigré en Hongrie deux décennies auparavant. Leurs enfants y étaient nés et fréquentaient l’école hongroise. Lorsque la crise des réfugiés a éclate, alléchée par la nouvelle des prestations sociales déployées pour l’occasion, cette famille a entrepris de revêtir une nouvelle identité et de se rendre en Suède pour s’y faire passer pour de nouveaux réfugiés. Prétendant avoir perdu leurs papiers durant leur « vol », ils s’enregistrèrent sous des noms d’emprunt et diminuèrent l’âge déclaré de leurs enfants ; la mère se prétendit quant à elle veuve. Aujourd’hui bien installés dans un logement confortable et gratuit avec leur père sain et sauf, et bien vivant — qu’ils font passer pour un oncle — et touchant chaque mois les aides sociales, ce sont des parasites arrogants qui exploitent la crédulité des contribuables suédois.
Les systèmes judiciaires occidentaux sont méticuleux et procéduraux, ils s’appuient sur des règles, et des droits, et des formulaires, et des documents, et vous considèrent comme innocent jusqu’à ce que vous soyez reconnu coupable. Les réfugiés n’ont pas mis longtemps à comprendre comment en tirer profit. « Ils se tiennent là, dégarnis, grisonnants, et s’obstinent à dire qu’ils ont dix-huit ans » me disait dit un procureur autrichien exaspéré. Puisqu’ils ont « perdu » leurs documents d’identité, la seule façon de réfuter les affirmations même les plus absurdes passe par des examens médicaux coûteux. Si vous n’avez ni papiers, ni vergogne, vous pouvez affirmer à peu près n’importe quoi, puis vos détendre en attendant que le système essaie de démontrer le contraire. Si vous êtes débouté, aucun problème : vous avez plusieurs voies de recours. Une fois que vous aurez mis un pied en Europe, il sera quasiment impossible de se débarrasser de vous ; vous pourrez littéralement commettre un meurtre. Si un tribunal vous reconnaît coupable de viol, il vous suffit d’argumenter en disant que si vous étiez renvoyé chez vous, votre société conservatrice vous mettrait à mort pour cet acte déshonorable — vous ne pourrez alors plus être expulsé, car les lois de l’Union Européenne interdisent l’extradition dès lors qu’elle met en danger la vie d’un individu. Et les auteurs de meurtres ne peuvent être renvoyés dans des pays dans lesquels la peine de mort est en vigueur, ni même dans lesquels le système judiciaire est réputé sévère.
Mais un mystère demeure. La fraude aux aides sociales est une chose : d’une certaine façon elle se justifie, si vous n’avez que dédain pour la primauté de la loi, l’équité, et si vous êtes paresseux. Mais pourquoi la cohorte actuelle d’Afghans se distingue-t-elle par ses qualités d’agresseurs sexuels ?… De surcroît des agresseurs sexuels ineptes et stupides ? Trouver la réponse nécessite peut-être de se pencher plus longuement sur leurs victimes. Nous avons écarté les tenues inappropriées et les comportements involontairement séduisants, mais partageraient-elles d’autres traits qui puissent expliquer pourquoi elles devinrent les cibles d’une telle démence ? En les repassant en revue, un mot vient à l’esprit : l’accomplissement. Une étudiante Turque, heureuse de poursuivre ses études en design industriel dans une bonne université de Vienne. Une femme dans un jardin public, qui profitait du soleil. Deux amies, qui faisaient une promenade avec leurs bébés. Une mère, qui se détendait à l’occasion d’une balade avec ses deux enfants. Une femme âgée sereine, sortie avec son animal de compagnie. Des gens séduisants, accomplis, heureux, normaux… Un spectacle insupportable, peut-être, pour — et là je me trouve d’accord avec le président Trump— des losers. Ce sont ces types dont il a estimé que nous devrions les qualifier de terroristes, et il a raison. Ces jeunes hommes, même sans ceinture d’explosifs, sont des losers, ce qui les a incités à devenir des terroristes sociaux.
Ces jeunes agresseurs afghans nous montrent que, effectivement, ils ne maîtrisent pas leurs pulsions, que leurs hormones sont déchaînées, qu’ils se haïssent et qu’il haïssent le monde qui les entoure — mais plus particulièrement, qu’ils ne tolèrent pas que des femmes soient heureuses, confiantes en elles, et se sentent en sécurité dans des lieux publics. Ils nous montrent qu’ils n’ont aucune intention de respecter les lois, les coutumes, l’opinion publique, les valeurs des pays d’accueil ni la morale élémentaire, choses qu’ils haïssent tellement qu’ils sont prêts à mettre en jeu leurs propres vies, leurs potentiel d’avenir meilleur, et leur liberté pour satisfaire leur désir d’infliger des dégâts.
Les Afghans de la diaspora établis dans la classe moyenne sont, cela se comprend, contrariés et gênés de voir leur nationalité être ainsi bafouée par ces nouveaux arrivants indélicats. Et cependant ils font partie du problème. Nombre de leurs actes et de leurs réactions, bien qu’elles soient naturelles ou non-intentionnelles, relèvent de la complicité. Ils étouffent les histoires, trouvent des excuses, ou donnent des conseils sur les meilleurs moyens de se dépêtrer des conséquences à leurs amis, aux gens de leur famille ou à n’importe quel Afghan qu’ils ne connaissent pas, et vont jusqu’à directement les soutenir dans leurs malversations, leurs actes illégaux et leurs comportements lamentables.
Les raisons à cela sont multiples. Il y a l’obligation perçue de loyauté envers ses amis, les gens de sa famille et ses compatriotes. Il me semble qu’il y ait aussi une certaine absence d’identification réelle aux notions occidentales de faits bureaucratiquement établis et d’éléments biographiques ; beaucoup, sinon la plupart de Afghans qui vivent actuellement en Occident se sont trouvés obligés de mentir par le passé. Celui d’entre eux arrivé le premier — un père, un frère plus âgé — ont généralement du s’inventer un patronyme et une date de naissance sur le tas, puisque chez eux, jusqu’à il y a une génération, la plupart des gens ne portaient pas de nom de famille et les dates de naissances n’étaient pas enregistrées. Je connais des familles afghanes respectables et respectueuses des lois dont les anniversaires sont des séquences invraisemblables : le 1er juin, le 2 juin, le 3 juin et ainsi de suite, car le membre de la famille qui avait rempli les formulaires d’immigration avait du inventer des dates et s’était dit qu’elles seraient plus simples à retenir de cette façon.
Il est également possible que cette communauté immigrée, étant donné la faiblesse des institutions dans son pays d’origine, l’arbitraire de ses gouvernements rongés par la corruption depuis des siècles, et un certain manque d’enracinement découlant du fait d’avoir été plongée dans une culture et des pratiques qui ne sont pas les siennes, s’accommode de quelques combines pour obtenir des prestations sociales. Ils n’approuvent pas, bien entendu, le viol, mais ici la gêne se manifeste et les pousse à trouver des excuses. « Ils sont jeunes. » « Ils manquent de repères. » « Ils ont grandi en Iran, où l’on apprend à mal se comporter. » D’autres les renient complètement et ne voudraient rien avoir à faire avec eux. Ce qui est dommage, car les Afghans s’étant déjà construit une vie respectée à l’étranger sont les mieux placés pour corriger et éduquer les nouveaux-venus délinquants, les mieux placés pour savoir quelles combinaisons de punitions, de pressions et d’encouragement seraient efficaces.
Ce sont des problèmes complexes, assurément, mais en quoi nous concernent-ils, ici aux États-Unis, au-delà de la simple curiosité anthropologique ? Eh bien, tout d’abord, ce jeune homme sont « le nôtres ». Ils ont grandi à l’ère où nous représentions l’influence dominante, et où nous détenions les cordons de la bourse en Afghanistan. Depuis 2001 nous avons dépensé des milliards dans un système scolaire afghan que nous nous plaisons à présenter comme une de nos plus grandes réussites. Ces jeunes hommes ont soit fréquenté ces écoles, auquel cas cet investissement dans leur éducation aura été plus que vaine, soit ils n’ont pas eu accès à l’école, auquel cas l’argent n’aura pu être que détourné frauduleusement. Nous avons aussi investi des millions et des millions de dollars dans des programmes d’éducation liée au genre et à la primauté du droit afin de transmettre des notions d’égalité des femmes, de valorisation de l’humain, et de respect d’un ordre légal. Nous avons financé des émissions de radio et des chaînes de télévision entières consacrées à cet objectif, nous avons lancé des campagnes d’affichage et parrainé à grands frais un grand nombre de groupes issus de la société civile censés diffuser ces valeurs. Et voici, désormais, que nos « diplômés » se déchaînent à travers l’Europe comme des bêtes féroces de la pire espèce.
Deuxièmement, la pertinence de ces problèmes en rapport à la politique américaine d’admission des réfugiés est d’une triste évidence. La mise en place de processus de sélection minutieux sera nécessaire, effectivement, pour repousser ces jeunes hommes si profondément perturbés, dégénérés, dont la disposition à se montrer fourbes est si prononcée, et dont les mobiles sont si irrationnels.
Ce qui m’amène à la dernière théorie qui se répand en Autriche : que ces jeunes hommes cinglés et nuisibles sont volontairement infiltrés en Europe de l’Ouest pour y causer de lourds dégâts : pour priver les femmes de leur liberté et de leur sécurité ; pour accroître le clivage entre les libéraux qui continuent à les défendre et à leur trouver des excuses, et une [fausse] droite qui en appelle à des mesures sévères et des réactions violentes ; pour faire subir des coûts élevés et un agacement aux tribunaux et aux systèmes judiciaires, et de façon générale, semer le désordre.
Pour mémoire, je ne suis pas convaincue de l’existence d’un projet réfléchi derrière tout cela, mais je partage l’avis que des jeunes hommes instables et hargneux sont susceptibles de prendre des chemins destructeurs. Ces chemins peuvent conduire à l’extrémisme idéologique et au terrorisme, ou à la constitution de bandes et de meutes agressives aptes à infliger des blessures et à causer des dégâts. Comme nous l’avons vu, beaucoup de leurs agressions sont pour le moment ineptes et sont facilement mises en échec par des passants présents par hasard. Mais au fil du temps, elles deviendront plus habiles, et l’Europe aurait tout intérêt à mettre au point une stratégie de défense pour s’en prémunir.
Que faire ? Les mesures nécessaires me semblent évidentes.
Quiconque sera reconnu coupable d’un crime grave ou de n’importe quel type de crime ou de délit sexuel devra immédiatement être expulsé, et cette règle devra être portée à la connaissance des nouveaux arrivants dans le cadre de leur accueil initial. C’est la seule façon de mettre fin à un problème qui s’accélère. (Faire cela nécessitera, bien sûr, un changement de la législation européenne.)
Il faudra que chaque réfugié ou demandeur d’asile qui arrive soit soumis à un fact-checking rigoureux de son récit, y compris de son âge déclaré par un examen biologique au moindre doute. Certes, c’est dérangeant et coûteux, mais très loin d’être aussi dérangeant et coûteux que de se tromper au sujet des personnes que l’on laisse rentrer, ou d’accorder à des centaines de milliers d’étrangers, de façon permanente ou semi-permanente, des allocations sociales auxquelles ils n’ont pas droit. Et il faut que les pays européens s’échangent les données résultant de ces processus, en associant les identités à des empreintes digitales, pas à des documents à l’authenticité douteuse voire à l’absence totale de documents.
Il faudra que les membres des diasporas concernées fassent très clairement savoir aux réfugiés qu’ils désapprouvent et qu’ils n’offriront pas leur soutien à leurs fausses déclarations, leurs fraudes, leurs comportements immoraux ou leurs crimes. À la place ils devront souligner le fait, en servant d’exemple, ainsi qu’en prenant part à des initiatives de communication de proximité, qu’il est possible de mener une vie bonne et épanouissante dans leur nouveau chez eux en travaillant dur, en faisant des efforts sincères d’intégration et en se montrant coopératif.
Enfin, la gauche devra s’astreindre à une réflexion un peu difficile. C’est bien d’être chaleureux, doux et sentimental envers des étrangers qui arrivent sur nos côtes, mais conservons aussi de ces pensées chaleureuses, douces et sentimentales à l’endroit de nos propres valeurs, libertés et modes de vie. Les jeunes filles et les femmes doivent continuer à se sentir en sécurité dans les lieux publics, à être libres d’assister à des festivals, à porter des vêtements adaptés à la météo et à leurs goûts, à voyager en train, à se rendre dans des jardins, à promener leur chien et à vivre leur vie. Il s’agit d’accomplissements occidentaux formidables, et qui méritent d’être défendus.
La Dr Cheryl Benard a été directrice de programme de l’Initiative pour la jeunesse du Moyen-Orient et pour l’Initiative de stratégies alternatives au sein de la Division de recherche en sécurité nationale de la RAND Corporation. Ses publications comprennent l’Islam civique démocratique, La Construction de réseaux de musulmans modérés, Le Monde musulman après le 11 septembre, La bataille derrière les barbelés – opérations d’emprisonnement et de détention états-uniennes, et Eurodjihad – Motifs récurrents de radicalisation islamiste et de terrorisme en Europe. L’Islam civique démocratique était l’un des livres retrouvés dans la bibliothèque d’Oussama Ben Laden lors du raid de son complexe fortifié.
Article paru le 11 juillet 2017 dans The National Interest